martes, 29 de noviembre de 2011

Création du premier Golf Cactus d'Europe (2000)

Desert Springs, 1er Golf Cactus en Europe
Joël Lodé (Espagne)

    Les golf déserts ne manquent pas dans les zones arides : Phoenix, Scottsdale, Tucson, Tempe, Mesa, Las Vegas, Palm Springs, San Diego aux Etats-Unis. Cela est normal, et de plus, les cactus y croissent librement : il a suffi d’ajouter un golf dans un paysage naturel cactus existant déjà. Cela est déjà plus difficile, malgré un climat adapté dans les Emirats Arabes, à Dubai et au Qatar. Mais cela tient de l’exploit lorsque l’on veut créer un golf cactus dans un climat européen. C’est le pari de Desert Springs Golf Course, qui a créé le premier golf cactus d’Europe.
    Situé en Andalousie à Cuevas del Almanzora, à environ 100 km au nord d’Almeria, Desert Spring Golf Course (18 trous, plus un 3 trous académique) est inclus dans la partie la plus aride de l’Europe, avec une moyenne de précipitations annuelle de 190 mm/an depuis 1950 (50 mm en 1981). La température annuelle moyenne est de 21° C, avec des maxima de 40° C à l’ombre en été, minima de +1/+2° C en hiver, et le nombre de jours de soleil est d’environ 320/an (record pour l’Espagne). Les vents viennent principalement d’Afrique du Nord (Sahara) et sont chauds à très chauds, spécialement en été (juillet-août). Heureusement, le vent provenant de la mer apporte de l’humidité (73%). Le sol du terrain de golf est composé de marnes et d’argile, avec une couche de calcaire fosssile proche de la superficie.
    C’est dans cette région où l’on trouve les restes de villages-fantômes, reconstitués pour les tournages de western-spaghettis de Sergio Leone : “Il était une fois dans l’Ouest”, “Le Bon, La Brute et Le Truand”, et les Aventures de Trinita avec Terence Hill et Bud Spencer, faux cow-boys, mais vrais Italiens, et jusqu’à des Américains comme Clint Eastwood, Henry Fonda et Charles Bronson tournant dans cette région d’Espagne.

• UN PROJET D’ENVERGURE
    Pour végétaliser le premier golf (Indiana Golf Course), il fut importé des Iles Canaries des milliers de cactées adultes et autres succulentes, dont certains mesurent plus de 6 m de haut. Les plus représentatives de ces plantes sont : Pachycereus pringlei (5,40 m pour le plus haut), qui rappelle le légendaire Saguaro, Carnegiea gigantea, espèce protégée aux Etats-Unis, Pachycereus pecten-aboriginum (6,70 m pour le plus haut), également Pilosocereus azureus, Pachypodium lamerei, Aloe marlothii, Euphorbia ingens, E. canariensis, Yucca aloifolia et elephantipes, Polaskia chichipe, Trichocereus poco, etc., ainsi que des arbres tels que : Jacaranda mimosifolia, Acacia cyanophylla, Parkinsolia aculeata, Schinus terebenthifolia etc.
    Le golf a été modelé à l’aide d’un relief recréé, autant par des rochers naturels, que par des collines artificielles, alliant des moyens de recyclage à base de restes de voitures de casse à des moyens sophistiqués de modelage à partir de prégonite, ciment et peinture imitant l’aspect et la texture des rochers, comme à Disneyland. Le résultat est étonnant !
    La plantation des cactées géantes ne l’a pas été moins : il a fallu utiliser des engins de levage, faire les mélanges de terre et apporter le matériel de drainage à l’aide de pelles mécaniques. Par exemple, le transport des Pachycereus sur le terrain de golf fut effectué à l’aide de sangles, et l’érection, parfois délicate, des plantes ramifiées comme Pilosocereus pachycladus ou Euphorbia candelabrum ne s’est pas faite sans casse. Entre décembre et mars 2000, nous supportâmes 4 tempêtes ; les vents violents d’hiver emportèrent le toit maillé de l’abri situé sur la pépinière, et tombèrent plusieurs plantes, malgré les tuteurs métalliques et les haubanages. Une cabine de chantier fut même retournée par une forte rafale.
    Des lits de rivières ont été aménagés selon le relief naturel, pour dévier les eaux de crues soudaines. Les rares palmiers et arbres présents sur le site avant la construction du golf ont été préservés (Phoenix dactylifera, Oliviers, Orangers...), certaines (Agave americana, Austrocylindropuntia subulata) ont été déplacées et il existe une quantité non négligeable d’endémiques non succulentes sur le site.
Les Succulentes les plus communes sont des Mesembryanthemaceae : Aizoon canariense, Mesembryanthemum crystallinum et M. nodiflorum. Les oiseaux migrateurs utilisent déjà les lacs artificiels comme étape dans leur long voyage vers l’Afrique, et parmi les reptiles trouvés sur le golf, on note le Lézard ocellé et la Tortue maure ; dans les trous d’irrigation, j’ai même trouvé le Crapaud coureur.
    D’autres plantes ont été également installées sur le golf : Echinocactus grusonii, E. platyacanthus, Echinocereus stramineus, Ferocactus gracilis, peninsulae, stainesii v. pilosus, Lophocereus schottii, Opuntia galapageia, Stetsonia coryne, Agave macroacantha, parryi, Aloe dichotoma, peglerae, Euphorbia baioensis, grandialata, Fouquieria diguetii, Kalanchoe thyrsiflora entre autres parmi les quelques 60 espèces d’importance.

GOLF 100% CACTUS
    Le côté original est que le golf se veut résolument “cactus”. Il s’agit évidemment d'un projet à moyen et long terme.
    L’avenir dira si le site choisi est propice à la survivance et l’établissement de plantes exotiques adultes. Comme les responsables du golf le soulignent, “Desert Springs est un projet qui aura un fort impact positif sur le développement touristique et économique de toute la région”.
Joël Lodé